« Chrysanthèmes, dragons et samouraïs » : montage d’une exposition

« Chrysanthèmes, dragons et samouraïs » : montage d’une exposition

Le début du montage constitue l’une des étapes les plus réjouissantes d’un projet d’exposition. Après de longs mois, voire des années, à étudier des œuvres – rangées sur des étagères ou immortalisées sur les photographies de notre inventaire informatisé – vient enfin le moment tant attendu de les sortir des réserves !

C’est alors que commence un lent ballet : chaque objet est soigneusement emballé dans du papier de soie et du papier bulle, mis en caisse puis transporté sur un chariot jusqu’à l’espace d’exposition. Les mains gantées, les commissaires, la restauratrice et l’équipe de montage déballent les plus de quatre-cent céramiques afin de les positionner à leur place.

Le contenu des vitrines est imaginé en amont, sur le papier ou virtuellement, mais au moment d’y installer réellement les pièces, il arrive qu’un élément ne semble pas au bon emplacement ou soit de trop. Il faut alors corriger les cartels avec l’aide des graphistes. En effet, même si l’étape de conception s’avère le plus souvent juste, certains objets capricieux exigent une nouvelle réflexion.

Deux vases monumentaux de près de deux mètres de haut émergent des réserves à bord de palettes en bois ; ils passent à peine la porte. Lorsque deux collègues les portent à bout de bras pour les hisser sur leurs socles respectifs, toute l’équipe retient son souffle… À l’opposé, les tasses et soucoupes en porcelaine dite « coquille d’œuf », extrêmement légères, ou les fragiles figurines du 19e siècle réclament une manipulation des plus minutieuses.

À l’oeuvre : Sandra Gillioz, notre conservatrice-restauratrice, et Timothée Maire, notre technicien en montage d’exposition

Le soclage est une phase laborieuse : chaque objet à fixer au mur ou sur le fond d’une vitrine se voit enserré par des tiges métalliques – préalablement gainées – positionnées grâce à des gabarits pour former d’élégantes rosaces et autres compositions.

Qu’ils soient présentés en vitrine, sous une cloche en plexiglas ou posés sur les tables rondes noires miroitantes spécialement conçues pour les accueillir, tous les objets semblent prendre vie. Il est désormais possible de les contempler individuellement et en regard des pièces qui les entourent. Quel plaisir de pouvoir admirer les formes et les textures, d’explorer l’exubérance des décors peints, jusque dans les moindres détails, et d’être ébloui par les couleurs chatoyantes ou encore, les reflets métalliques des dorures. Il devient soudainement aisé d’imaginer la fascination des Européens pour ces céramiques japonaises dès le milieu du 17e siècle.

L’éclairage, bien qu’il fasse l’objet de préréglages, intervient à la fin, lorsque toutes les pièces occupent leur place définitive. La lumière crée une atmosphère : un spot bien placé souligne les formes ou met en évidence un détail du décor.

Après de nombreux allers-retours avec les graphistes, les cartels sont imprimés et, avant de les coller, on les relit pour la énième fois en espérant que tout soit juste. Une certaine dextérité et beaucoup de patience sont requises pour appliquer un à un les minuscules numéros autocollants à côté de chaque pièce. Les numéros 5 sont particulièrement fragiles : en effet, ils ont la fâcheuse tendance de se déchirer lorsqu’un collègue vous lance un « – Ce n’est pas tout à fait droit ! » et qu’il faut les repositionner à plusieurs reprises.

Enfin, le secret d’un montage réussi réside dans l’anticipation et la planification, or, malgré tout le soin apporté à ces deux points cruciaux, il nous réserve toujours des surprises… Il faut parfois rappeler un fournisseur dans l’urgence parce qu’un élément de la scénographie est défectueux ou, dans l’étrange situation actuelle, gérer l’absence inopinée d’un membre de l’équipe placé en quarantaine !

_____________________________________________________
Illustration de titre : © Boris Dunand, Musée Ariana
Illustrations de texte : © Ana Quintero, Musée Ariana

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués *

À propos

Découvrir, apprendre, plonger dans le monde de la céramique et du verre, voilà ce que propose ce blog. Les textes sont signés par des collaborateurs-trices du musée mais aussi par des professionnel-le-s et des amateurs-trices venant parfois d’autres horizons. Tous et toutes prêt-e-s à faire partager leur savoir, chacun pose ici un regard passionné, scientifique et inédit, décalé et amusé parfois.

Articles récents

Migration du blog


Le “Pique-nique”




Histoire d’objets #7


Contact

Rédaction
Isabelle Payot Wunderli (isabelle.payot-wunderli@ville-ge.ch)

Communication
Laurence Ganter (laurence.ganter@ville-ge.ch)
× Aller au contenu principal