Nicolas Muller au Musée Ariana #1
- septembre 29, 2022
- de
- L'invité de l'Ariana
Artiste(s) en résidence
Au cours du printemps 2021, le Musée Ariana a accueilli quatre artistes genevois en résidence. Tami Ichino, Gabriel Nunige et Jonathan Delachaux & Zoé Cappon se sont installés dans nos murs, à tour de rôle ou simultanément, pour une durée totale de 4 semaines. Cette résidence d’artistes se déployait dans le cadre des différentes mesures de soutien mises en place par la direction du Département de la culture et de la transition numérique de la Ville de Genève.
En 2022, c’est Nicolas Muller qui a investi nos murs ; son projet est à lire et suivre à travers une série de quatre articles. Voici le premier.
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À quoi peut ressembler celui qui a pris le visage de l’absence ?
Anonyme
Au printemps de cette année, j’ai été invité à réaliser une brève résidence au Musée Ariana. Au fil de mon immersion, j’ai remarqué que l’histoire, l’architecture et l’emplacement du bâtiment recoupaient mes préoccupations artistiques en lien avec l’empreinte et la déambulation dans l’espace public. Le musée, son parc et ses collections ont stimulé mon imaginaire et m’invitent à inscrire mes recherches dans ce mouvement poétique.
Bien que la résidence ait été de courte durée, de nombreuses pistes de travail ont émergé. J’ai d’abord entamé des recherches sur les indices éphémères qui révèlent un déplacement ou un itinéraire dans le périmètre du musée. J’ai ensuite établi les premières intentions d’un projet vidéo pour questionner les abords du bâtiment et sa proximité avec l’Office des Nations Unies. Enfin, captivé par les méthodes de conservation, j’ai récolté les traces discrètes et fragiles laissées par les objets des collections.
En questionnant les alentours du musée et en évoquant des objets sans les montrer, mes ébauches de projets révèlent des images en creux, des traces infimes et anodines propices à la divagation.
UN ESCALIER ABSENT. DE L’ ACIER CORTEN ET DES EMPREINTES
L’histoire de la construction du musée me captive et oriente mes premières pistes de travail.
En effectuant des recherches, j’ai appris que le sol du hall en acier corten correspond à la zone non terminée du musée qui devait accueillir un immense escalier central. Bien plus tard, un concours organisé par le Fonds municipal de décoration pour le traitement artistique du sol n’a pas abouti1. À cela s’ajoute la construction du bâtiment des Nations Unies qui a clairement reconfiguré l’accès au musée. L’entrée principale est aujourd’hui située à l’opposé du bâtiment et le parc qui s’étendait jusqu’au lac a été considérablement réduit.
En écho à ces modifications architecturales, j’envisage une production d’images qui révèlent des bribes de souvenirs comme des empreintes de pas dans le gravier ou sur les marches de l’escalier extérieur. Je souhaite aussi me concentrer sur la vaste étendue du hall et son revêtement en acier corten. Ce sol rouge-brun souligne les traces de pas blanchâtres des visiteurs ayant foulé le parterre de graviers au niveau du parvis. En se déployant de façon organique, ces marques sensibles et éphémères, s’opposent à la géométrie du bâtiment et suggèrent des souvenirs de trajets qui résonnent avec l’histoire du lieu.
Les prochains épisodes seront publiés très prochainement !
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Note 1:
Archives de la ville de Genève [AVG] 342.A.22.0 à 4, Concours pour la décoration du sol du hall du Musée Ariana, 17 juin 1992.