Toucher terre : puissance et diversité de la création céramique contemporaine

Connaissez-vous la villa Datris à l’Isle-sur-la-Sorgue ? Il y a quelques années, j’avais découvert cette fondation, fondée en 2011 et dédiée à la sculpture contemporaine, lors d’une journée pluvieuse dans le Lubéron ; j’avais alors été séduite par le lieu et par la qualité de l’exposition. Cette année, la villa Datris consacre sa grande exposition annuelle à la céramique contemporaine. Pas moins de 75 artistes et plus de 135 œuvres sont représentés sur les quatre niveaux de la villa ainsi que dans le ravissant jardin bordant un bras de la Sorgue.

Le résultat est tout à fait réjouissant sur le potentiel infini de ce médium ancestral : des sculptures baroques, colorées, engagées, radicales ou éclectiques sont intelligemment regroupées. Le propos est rehaussé de textes clairs et pertinents qui évitent le jargon que l’on retrouve trop souvent dans l’art contemporain. Les cartels légendés permettent d’entrer dans le propos des artistes, les murs subtilement dégradés apportent une note chaleureuse sans être trop présents.

Outre les artistes vivants, la fondation a pris la liberté d’intégrer quelques artistes qui ont marqué l’histoire du 20^e siècle, comme Picasso ou Fernand Léger. Si les céramistes provençaux, français ou vivants en France sont largement majoritaires, nous croisons au détour des salles des œuvres d’artistes internationaux, comme Kim Simonnson, Elmar Trenkwalder, Giuseppe Penone ou Miguel Barceló. Les artistes suisses ne sont pas en reste : Carmen Perrin, Christian Gonzenbach ou Mireille Fulpius sont au rendez-vous. Le choix de la sculpture figurative de Klara Kristalova dans les supports de médiation est excellent. Réjouissons-nous, la céramique est plus vivante et ancrée dans la création actuelle que jamais !

Je laisse le mot de la fin à Danièle Kapel-Marcovici, co-fondatrice avec Tristan Fourtine de la Fondation Villa Datris : « N’avons-nous pas tout particulièrement envie de “Toucher terre” après cette période où nous avons été privés de contacts et de relations directes avec les œuvres d’art ? Aujourd’hui plus que jamais, nous avons toutes et tous besoin de cette approche sensorielle et interactive qui nous met en présence réelle avec la création ».

L’exposition dure jusqu’au 1^er novembre 2022, si vous êtes dans la région ne la manquez pas, elle se marie tellement bien aux ocres du Roussillon !

___________________________________________
Légendes complètes des oeuvres :
1. Barthélémy Togo (Cameroun / France, 1967)
« Vaincre le virus », 2016
Porcelaine
2. Safia Hijos (France, 1975)
« A forest grew », 2022
Grès modelé, émaillé
3. Elsa Sahal (France, 1975)
« Vénus polymathe jouissante », 2019
Céramique émaillée, système hydraulique
4. Antoine Renard (France, 1984)
« Impressions, d’après Degas (#028) », 2020
Impression 3D céramique, émail
6. Kim Simonsson (Finlande, 1974)
« Woodoo Moss Boy », 2018
Céramique, fibres de nylon, plumes
7. Emmanuel Boos (France, 1969)
Le Baiser, 2017
Porcelaine de Sèvres, émaux à nucléations
8. Camille Virot (France, 1947)
Têtes, 2020
Terre cuite couverte à la chaux
Christian Gonzenbach (Suisse, 1975)
« Notalp suhcab », 2013
Céramique, émail bronze
Copyright de toutes les illustrations : © Musée Ariana, Anne-Claire Schumacher

Télécharger en pdf