Histoire d’objets #6
- mai 12, 2023
- de
- Hélène de Ryckel
Cette rubrique vous lance à la découverte, d’article en article, d’objets de notre collection, de toute provenance et de toute technique. À nous, et au blog, de vous permettre de plonger dans ces fabuleuses histoires !
Vous n’avez pas encore visité notre nouvelles salle « Voyages » ? Voilà une belle occasion de le faire !
« Le Chrysanthème est la gloire de l’automne »
Confucius (551-479 av J.C)
Suite aux troubles liés aux changements dynastiques en Chine entre les dynasties des Ming (1368-1644) et des Qing (1644-1912), les Hollandais, grands importateurs de porcelaine, ne pouvant plus accéder au marché chinois, se tournent vers le Japon pour satisfaire la clientèle européenne. Le décor Kakiemon connaîtra un succès fulgurant en Occident et de nombreuses manufactures, comme celles de Meissen, de Vienne, de Saint Cloud ou de Delft s’empresseront de l’imiter.
Le style Kakiemon est attribué à Sakaida Kakiemon (1596-1666), fondateur d’une dynastie de potiers dont les descendants sont encore actifs à Arita, centre historique de la porcelaine japonaise depuis la fin du 16e siècle.
La forme de cette assiette aux bords polylobés évoque celle du chrysanthème, motif qui doit sa popularité à la puissance de son symbolisme. Incarnant en Chine l’automne, mais également le bonheur, la longévité et l’endurance à résister au froid et au givre, ce motif floral sera repris au Japon. Il deviendra, outre une évocation automnale du bonheur, un symbole impérial. L’Empereur, descendant direct de la déesse solaire Amaterasu, l’a naturellement pris pour emblème.
Nous découvrons sur cette assiette une composition asymétrique et aérée qui laisse une grande part à la blancheur presque laiteuse de la porcelaine. Cette disposition ainsi que les émaux utilisés (bleu, vert turquoise, jaune clair, rouge orangé proche de celui du fruit du kaki et quelques rehauts d’or), constituent les grandes caractéristiques de ce style Kakiemon plein d’élégance et de sobriété.
Sur la gauche, un tigre fait face à une haie de bambou, alors que sur la droite des branches fleuries de prunus se déploient tout en finesse et en délicatesse vers le haut de l’assiette. Le tigre, animal sacré, symbole de force et de chance et ayant la faculté d’exorciser le mal, est un thème récurrent dans la peinture chinoise. Il a été repris au Japon, à l’instar de nombreux autres motifs décoratifs.
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Cet objet est à voir en salle Voyages au rez-de-chaussée du musée.
Vous le trouverez également dans notre ouvrage « Histoires d’objets », en vente à la librairie du musée, qui rassemble les planches réalisées par les étudiants de la Haute école de bande dessinée de Genève sur des objets de la collection japonaise du musée.
Légende de l’objet et copyright :
Assiette, Arita (Japon), 4e ¼ 17e s.
Porcelaine, émaux polychromes et or
Diamètre 24,3 cm
Numéro d’inventaire AR 8921
© Musée Ariana, Pugin